On m'a fait remarquer, et à juste titre, que j'affectionnais tout particulièrement la littérature féminine (entendons nous bien: des livres écrits par des romancières et non des Gossip Girl...). Il est vrai que bien souvent, ces écrivains (je ne suis pas pour une parité à tout va et le mot écrivaine m'exaspère) décrivent avec soin les méandres de la féminité mais au-delà de ça elles ont surtout une vie un peu (beaucoup?) torturée qui font d'elles des génies à part entière.
Zelda FITZERALD aurait-elle était cette héroïne déchue sans son écrivain de mari? On lui connaît un ouvrage autobiographique à ce jour
« Accordez-moi cette valse » mais les rumeurs vont bon train concernant son implication dans les propres écrits de son époux. Si elle n'en est pas l'auteur, Zelda reste néanmoins une muse pour ce dernier puisqu'il semble évident que les personnages de Gloria dans
« Les heureux et les damnés » ainsi que celui de Nicole dans
« Tendre est la nuit » puisent leur inspiration en elle.
Tout au long de son autobiographie, nous découvrons une femme fragile et blessée, une personnalité forte et indépendante étouffée par la célébrité de celui qui partage sa vie. Elle le suivra en France mais aussi dans les affres de l'alcoolisme. La violence pour l'un, la folie pour l'autre deviendront des travers récurrents de leur vie de couple, symbole des excès des années 20. A plusieurs reprises, elle essaiera de sortir de ce rang de « femme de... » en se lançant dans de quelconques activités artistiques telles la peinture ou la danse qu'elle débutera à l'âge de 28 ans. Malgré son âge tardif, c'est dans cette discipline qu'elle s'illustrera, peu de temps, car c'est aussi au cours de cette période qu'elle connaîtra son premier internement en clinique. Le reste de sa vie sera rythmé par des aller-retour incessants dans ces cliniques et c'est dans l'incendie d' une de celle-ci qu'elle décèdera à l'âge de 47 ans.
Pour une vision plus romancée de la vie de Zelda:
« Alabama song » Gilles LEROY.
Virginia WOOLF est aussi connue pour son suicide que pour ses oeuvres. Elle n'eût néanmoins pas besoin de vivre une fin tragique pour connaître la célébrité. Femme fragile psychologiquement, vivant sous la coupe d'un homme qui en essayant de la ménager ne fera qu'accentuer la folie.
Chacun des romans de Virginia nous renvoient à une part de sa personne. Ainsi
« La promenade vers le phare » n'en est pas moins une oeuvre psychanalytique où l'auteur fait le deuil de sa mère disparue trop tôt;
« Les années » nous renvoient aux angoisses que provoque une Europe en plein changement mais c'est avec
« Mrs Dalloway » que l'on découvre le sombre abîme des petites voix qui l'habitent et le vertige du suicide.
On se fait plaisir en regardant :
« The Hours »réalisé par Stephen DALDRY (ou on lit le livre éponyme de Michael CUNNINGHAM)
On veut en découvrir plus, on lit:
« Virginia Woolf » par Alexandra LEMASSON,
« La double vie de Virginia Woolf » par Geneviève BRISAC & Agnès DESARTHE.
Françoise SAGAN ou l'adorable petit monstre qui exaspère par tant de frivolité! On a toutes les raisons de la détester mais pourtant je ne peux m'empêcher de la voir comme une victime, sentiment renforcé à la lecture de
« Madame Sagan », biographie écrite par Geneviève MOLL.
A 15 ans, j'étais été transcendée par
« Bonjour Tristesse », sans doute plus par l'histoire que par l'écriture elle-même, plus par cette adolecente rebelle qui portait le même prénom que moi.
A 21 ans,
« Un certain sourire » m'a fait revivre parce que comme Dominique
« J'étais une femme qui avait aimé un homme. C'était une histoire simple; il n'y avait pas de quoi faire des grimaces. »
Et toutes les histoires de SAGAN sont des histoires de femmes qui avaient aimé un homme telles Lucile dans
« La chamade », Béatrice dans
« Le lit défait », Dorothy dans
« Le garde du coeur » ou Paule dans
« Aimez-vous Brahms... » Autant les histoires se ressemblent, autant leurs héroïnes ont chacune leurs traits de caractère propre. Lucile est une Emma Bovary des temps modernes qui quittera celui qui lui plaît pour plaire à tous, qui fuit le nid douillet des amoureux pour connaître une vie sociale. Béatrice, actrice amibitieuse, quand à elle joue au jeu féroce de l'amour avec son amant Edouard: passion aliénante, « je t'aime moi non plus » mais celui qui souffrira le plus n'est peut-être pas celui auquel on pense. Quand à Paule, femme de 40 ans, est délaissée par son amant et se tourne alors vers un minet de 25 ans. SAGAN nous offre là un sujet classique de trio amoureux qui se déchirent, qui se rabibochent pour mieux se faire souffrir mais rend également compte des angoisses d'une quadragénaire.
Celle qui vous parlera le mieux de ces héroïnes reste l'auteur elle-même dans
« Derrière l'épaule ».
Si vous voulez lire l'histoire d'un homme qui avait aimé une femme:
« Un chagrin de passage ».(preuve que les femmes ne sont pas les seules à se poser des questions existentielles!)
Maintenant, je ne saurais vous expliquer le pourquoi du comment de cet attrait. Ces femmes ont réussi là où j'aurai aimé: non pas en devenant célèbre mais en écrivant un monde féminin dénué de niaiserie, en écrivant des femmes simples bien ancrées dans la réalité, en restant femmes sans basculer dans un féminisme ravagée!
Toutes les références littéraires sont des ouvrages lus par l'auteur de cet article. Vous avez donc là matière à vous occuper pendant son absence de 15 jours pour cause de vacances à la mer... :DPix:" Zelda, Virginia & Françoise", source GOOGLE images